A la découverte de la guerre secrète du Laos 2

23 -24 octobre 2022

Dans l’est du Laos, il ne paraît pas avoir grand chose à découvrir. Les rédacteurs du Lonely Planet semblent avoir pas mal ramés pour trouver quelque chose à découvrir mais comme c’est la direction que nous devons prendre (pour rejoindre encore le Viet Nam), nous nous sommes dits allons-y.

C’est ainsi que nous nous sommes rendus dans la pleine de Jarres près de la ville de Phonsavan.

Peu d’attrait touristique et surement peu d’habitants veut dire, peu de transport. Nous partons donc de bon matin prendre le seul mini van de la journée apte à faire les 263km en 7h.

Nous n’avons pas vu lorsqu’ils ont monté cette moto et nous ne verrons pas lorsqu’ils la descendront mais ma curiosité reste intacte.

Le trajet est long, remuant et chaud mais s’il n’y avait pas en plus les estomacs qui flanchaient ce seraient beaucoup moins amusants. Contre toute attente, 7h presque pile après, nous sommes arrivés à Phonsavan. Ville sans grand intérêt mais qui a un super bon restaurant indien.

Après avoir trouvé notre lieu de villégiature, nous partons à la recherche d’une agence pour faire visiter la fameuse pleine de jarres. Au détour du lonely, nous avions vu qu’il y avait une histoire de base secrète de la CIA dans le coin. Ce n’était même pas un encart, juste quelques lignes.

En réalité, cela aurait mérité plus que quelques lignes car le Laos, pays officiellement neutre et jamais en guerre a plus que souffert (et souffre toujours) d’être le voisin du Vietnam. Afin de bombarder tranquillement la route d’Ho Chi Min au Vietnam, les américains devaient avoir une base aérienne sure pour ravitailler leurs avion. Et cette base, ils l’ont fait à la frontière, dans la jungle laotienne. Avec l’aide des minorités locales anti communistes, les HMongs (précision importante, qui n’avaient que 2 choix, être communiste et se battre par conviction ou être anti communiste, se battre mais le faire pou manger et un peu d’argent pour leur famille. La CIA créa donc une vraie base militaire avec une vraie piste aérienne, cachée même du gouvernement américain. Pendant 9 ans, les américiains ont lâché une bombe toutes les 8 minutes. C’est le territoire le plus bombardé du monde.

Le but des américains n’étaient pas de tuer ou d’estropier les laotiens mais la piste Ho Chi Min étant à la frontière des 2 pays, il était évident que le Laos allait être touché. De plus, si les avions n’avaient pas pu lâcher toutes leurs bombes, ils étaient dans l’obligation de s’en délester avant d’atterrir, soit au Laos et non au Viet Nam.

Mais cela ne s’arrête pas là, les américains ne pouvaient envoyer de militaires puisque cette base était secrète. Ce sont des pilotes privés qui furent embauchés ( et bien payés); et qui selon les rumeurs, durent acheminer consciemment ou non de l’opium; mais cela c’est encore une autre histoire beaucoup trop longue. (où l’on parle de Corse et de soldats US cocainomanes)

Bref, les américains perdent et quittent le Laos en 1975. Ils exfiltrent en 1er le leader laotien avec sa famille, Van Pao, et emmènent 300 Hmong qui travaillaient pour eux. Ils dirent aux autres, ne vous inquiétez pas, nous revenons. Personne ne revient. Ces populations se retrouvèrent seules; sans leur chef tellement lâche qui est mort récemment riche aux Etats-Unis; et sans protection.

Aujourd’hui, 50 ans après, ces populations sont toujours cachées dans la jungle, traquées et tuées car considérées comme traître.

Et voilà comment nous nous sommes retrouvés à visiter cette ancienne base secrète de la CIA cachés au milieu de la jungle à 4h de Phonsavan.

Pour s’y rendre, il faut compter 2 jours car la région n’est pas sure pour circuler la nuit, la route est très chaotique et les 4h peuvent vite augmenter en cas d’incident; comme un pneu crevé.

Avec une simple pompe à vélo pour gonfler le pneu de secours, j’ai eu largement le temps pour une petite sieste.

Nous pensions arriver dans une ville vide avec sa piste d’atterrissage abandonnée et ses bâtiments militaires oubliés mais la réalité était tout autre!

Au centre de la ville, la fameuse piste toute vide, avec ses montagnes en fond (où temps d’avions ont péri) et son brouillard tellement redouté. Sur les côtés des anciens bâtiments abandonnés et détruits dont l’hôpital. Mais aussi et surtout, une vraie ville! Les militaires sont toujours présents puisque la guerre n’est pas finie et ils sont nombreux. Contre toute attente, nous y avons donc bien mangé et bien dormi.

En plus d’être toujours une région en guerre oubliée par tous, comme dit plus haut, cette région « neutre » a été bombardée sans interruption pendant 9 ans. 30% de ses bombes n’explosaient pas, et, tout comme au Vietnam, sont restées là avant d’exploser sous un pied ou dans une main quelconque. Il suffit de se balader 10 min pour en trouver.

Ces photos montrent des restes de missile ou de bombes non dangereux, aujourd’hui il faut juste rester dans les endroits balisés qui ont été « nettoyés ». Les habitants ont transformés cette pollution de déchets militaires en atout en les refondant en objet pour leur utilisation personnelle, mais aussi de simples cuillers vendu à travers le pays. Après 50 ans, il reste toujours assez de matière première pour faire vivre des villages entiers.

Ce fut également l’occasion de goûter une eau de vie certainement très locale.

Cette petite virée était passionnante par l’histoire elle même, mais surtout par notre guide qui était exceptionnel et connaissait parfaitement son sujet. Son grand père avait travaillé avec Ho Chi Min et son père avait participé à la guerre côté royaliste (j’ai simplifié l’histoire mais en gros (voir très gros) il y avait les communistes, les anti communistes et les royalistes)

Mais à la base nous étions venu dans cette région super difficile d’accès pour la pleine de jarres.

Nous les avons donc vu, des jarres, dans des plaines.

Beaucoup de jarres de pierres dans 5 plaines différentes. Nous n’allons pas dire que ce n’était pas passionnant mais il fait une chaleur à crever (et aucune once d’ombre à l’horizon) et vous marchez pour voir des jarres dont personne ne sait vraiment pourquoi elles sont là, ni comment elles ont été fabriquées.

Ce seraient des jarres de pierre construite de l’autre côté de la montagne et apportées ici par on ne sait trop quel moyen (ça rappelle énormément l’histoire de l’Ile de Pâques). Elle serviraient soit à mettre des offrandes, soit à faire de l’alcool de riz, soit à laisser les corps se décomposer avant d’enterrer les ossements (la dernière option est la plus partagée).

Faute de mieux, je laisse quelques photos (dont celle d’un énorme nid de frelons).