8-9 août
Nous avons roulé de nuit pour arriver jusqu’à la ville de Posadas, du côté argentin mais à la frontière avec le Paraguay.
Nous ne sommes pas super en forme mais nous profitons d’être sans enfant pour faire, encore, une sieste. La ville n’a aucun intérêt particulier. En plus, les élections étant dans quelques jours, les manifestations battent leur plein et laissent les rues de la ville dans un état peu accueillant.
Notre auberge avait un barbecue, Vianney a eu une envie soudaine de bonne viande. Sur le chemin du supermarché, nous avons cherché en vain un moyen de réparer ou remplacer notre objectif et nous avons vu cette statue qui nous a fait sourire tellement elle est typique.
Si nous sommes à Posadas ce n’est définitivement pas pour la ville mais parce qu’elle n’est située qu’à 40min en bus de la frontière paraguayenne. Et derrière cette frontière, nous pouvons y voir les mines jésuites les mieux conservées d’Amérique Latine.
Seulement, nous n’avions pas réalisé qu’aller au Paraguay en bus en tant que touriste n’était peut être pas aussi évident que d’y aller en tant qu’Argentin. Je pense que le mot périple est un faible mot .
Pour prendre le bus, aucun soucis. Arrivés à la frontière Argentine, il faut descendre. Nos passeports étant neufs, nous n’avons pas de tampon d’entrée dans le pays. Nous perdons bien 30min à expliquer, déclaration de vol à l’appui, notre problème. On nous libère mais nous sommes obligés d’attendre le prochain bus.
Le bus arrive, nous nous arrêtons à la frontière paraguayenne. Le bus part, on nous fait des tampons. Nous devons attendre le nouveau bus.
Le nouveau bus arrive, nous arrivons enfin au centre d’Incarnacion.
Nous sommes donc partis à 9h30 du matin pour arriver à 11H30 et nous avons attendu 1h30 les bus dans le froid et la brume. Heureusement, il y a un décalage horaire alors finalement nous sommes arrivés à 10h30.
A Encarnacion, nous prenons encore un bus (rapide celui ci) pour aller jusqu’aux premières mines jésuites.
Avant d’arriver là, je parlais des mines jésuites comme si de rien était et ce n’est qu’arrivée dedans que j’ai réalisé, que je ne savais absolument pas ce que c’était.
Si vous êtes dans le même cas que moi, voilà l’histoire (très simplifiée) des jésuites.
Vers la fin du 16ème siècle, les espagnols étaient arrivés en Amérique du Sud et cherchait en vain l’el dorado (lieu avec beaucoup d’or). Certains étaient arrivés par le Pérou et usaient de méthode très expéditives pour conquérir le pays. Alors que ceux arrivés par la cote est utilisait le dialogue et l’échange. Des couples mixtes s’était même crées et les espagnols protégeaient les Guaranis de leurs adversaires les Indiens
Tout le monde vivait bien jusqu’à ce que les « gentils » espagnols découvrirent que des « méchants » espagnols avançaient plus vite qu’eux. Les gentils commencent alors à s’installer durablement au Paraguay et les espagnols commencent à tenter d’asservir le continent.
Cela fonctionne dans tous les pays mais le Paraguay résiste de façon très violent et la couronne espagnole, à court d’idée fait appel à des jésuites pour évangéliser les populations.
Les Jésuites arriveront et en échange d’une protection accueille les Guarini dans des « missions ». Les missions sont une sorte de communauté utopique où tout monde est presque égaux, où tout le monde participe au travail commun et où tout le monde vit dans les mêmes conditions. C’est une sorte de ville protégée dont les membres ne sortent pas.
Dans ces missions, il y a une école, un hôpital et des cultures pour les guaranis et pour les jésuites (à priori ils n’avaient pas les mêmes gouts). Le Paraguay n’est pas le seul pays à avoir eu des missions puisque nous en visiterons aussi en Argentine et qu’il y en a aussi eu au Brésil; mais c’est au Paraguay que cela s’est fait le plus dans le calme.
La plus connue des mission du Paraguay, qui est classée au patrimoine mondiale de l’Unesco, est celle de Trinidad. Sa cathédrale et certains des dessins taillés dans les pierre sont parmi les vestiges les mieux conservés du monde.
En dépit du froid et de la pluie, nous avons apprécié ces visites (malheureusement très peu documentées sur place) car le Paraguay n’est pas touristique, et qui dit pas touristique veut dire peu de touristes. Nous étions complètement seuls pour faire tous nos petits tours. Aucun souvenir ne nous a fait de l’œil non plus car personne n’ a encore eu l’idée d’en vendre, ne serait ce que des cartes postales.
Après la mission de Trinidad, nous sommes allés à celles de Jesus. Située à seulement 10km, nous voulions prendre un taxi pour nous y rendre. Mais le seul disponible nous demande un prix tellement exorbitant que nous avons opté pour le stop. 5 min. d’attente et nous étions en voiture.
Les mines de Jesus sont encore moins touristique que celle de Trinidad et même la dame de l’accueil ne se fatigue pas à lever la tête pour vous dire bonjour.
Le Paraguay possède une troisième mission visitable mais nos doigts gelés ont eu raison de notre courage et nous avons opté pour un retour en Argentine. Je voudrais rajouter, au chaud, en Argentine mais malheureusement il y fait aussi froid.
Ces missions jésuites ont toutes pris fin en 1767 lorsque les espagnols ont donné le Paraguay au Portugal. Les jésuites n’avaient plus la protection de la couronne et ont été expulsés. Les guaranis ont été convertis à l’esclavage par les colons sur place ou se sont battus jusqu’à la mort.
Aujourd’hui le rôle des Jésuites est sujet à discussion. Etaient ils vraiment gentils? N’exploitaient ils pas ces Guaranis? Le débat n’est pas clos alors je ne peux vous donner de réponse.
Alors que notre chauffeur nous raccompagnait à l’arrêt de bus, il nous parle spontanément d’une autre communauté dont ma tante (Danièle) m’avait parlé. Celle de Nueva Germania, une communauté allemande au milieu du Paraguay. Créée par la sœur de Nietzche, une dizaine de famille allemande était venu s’installer au Paraguay dans l’espoir fou de créer une population pure aryenne. La plupart des ces colons étant des anciens nazis, cette idéologie avait un sens.
Mais le résultat fut un échec. Certains batifolèrent avec des « basanés », d’autres ne supportèrent pas la jungle, et beaucoup moururent . Cependant, des descendants vivent encore là aujourd’hui. La plupart sont fermiers et vivent dans une pauvreté immense, parmi les pires du Paraguay. Les mariages entre cousins ont provoqué des problèmes de consanguinité et ils ont du fermer l’école allemande, l’épicerie allemande, « l’hôpital allemand » faute de moyen.
Ca, c’est que nous avions lu sur Internet mais ce chauffeur de taxi nous a maintenu que l’école allemande existait toujours et que si nous y allions, parler espagnol ne servirait à rien. Par contre, il nous a confirmé que cela ne servait à rien d’y faire un tour.
Je vous en parle car je trouve l’histoire intéressante mais je ne peux vous garantir de qui dit la vérité.
Après cette discussion intéressante, nous avons attendu dans le froid notre fameux bus. Il a oublié de s’arrêter à la frontière paraguayenne, ce qui certes nous a fait gagner du temps mais qui nous en fera peut être perdre plus tard.
Merci pour la fascinante lecon d’histoire, tres appreciee, et pour la photo de la jolie statue du buveur de mate, aussi tres appreciee. Rendre visite a la communaute allemande ne vous a pas tente?